La ville a-t-elle un genre ?

Le 8 mars dernier était la journée internationale des droits des femmes. On peut, comme la préfecture de Rodez, donner la parole à des femmes blanches cheffes d’entreprises, pour s’entendre dire que tout va bien. On peut aussi s’interroger sur la place de toutes les femmes dans l’espace public.

La ville a-t-elle un genre ? Les rues et les places sont-elles aussi accueillantes pour les femmes que pour les hommes ? Les aménagements répondent-ils aux attentes des un(e)s et des autres ? L’espace public est-il égalitaire ? Il y a depuis quelques années une prise de conscience que la ville a été conçue par et pour les hommes. L’urbanisme est un processus collaboratif qui fait intervenir différents acteurs : investisseurs, associations et élus. Or malgré les lois sur la parité, il n’y a que 19,8% de femmes maires en France. On peut pourtant penser que des femmes seront plus attentives à certaines questions qu’elles auront elles-mêmes vécues. On pourrait également croiser cette première donnée avec le nombre d’élus issus des classes populaires. Ainsi les femmes des quartiers populaires excentrés seront plus concernées par les questions liées aux transports publics (plus utilisés par les femmes) ou l’aménagement de l’espace public (parcs, espaces pour enfants, city stade).

Deux solutions existent pour remédier à ces déséquilibres. La budgétisation sensible au genre est une façon de réorienter les budgets des municipalités afin de rééquilibrer l’égalité femme/homme. On réduit les investissements qui profitent le plus aux hommes pour l’orienter vers des infrastructures mixtes ou pour les femmes (comme par exemple les toilettes publiques). Ensuite, nous l’avons dit, l’urbanisme est un processus collaboratif. Les habitants des quartiers doivent bien entendu être associés aux projets d’aménagements, mais serait-ce si choquant d’organiser, à ces occasions, des réunions exclusivement d’habitantes ?

La journée du 8 mars n’a pas la même force symbolique « selon que vous serez puissante ou misérable », selon que l’on habite dans un beau quartier ou dans une périphérie populaire. Une municipalité sensible à légalité femme-homme peut agir pour que tous et toutes se sentent inclus, en sécurité et heureux dans la ville.

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