Retrouvez l’article d’ADN du 20 avril 2020
Les ruthénois connaissent bien Mathieu Lebrun, élu dans l’opposition au conseil municipal de Rodez et tête de liste du collectif Rodez Citoyen aux dernières élections locales. Il était arrivé en deuxième position à l’issue du premier tour organisé le 15 mars dernier, quelques heures avant la mise en confinement de tout le pays… En attendant la reprise de la campagne municipale, il a accepté de partager avec nous sa vie de confiné.
A quoi occupez-vous vos journées ?
Mon confinement a démarré à mon domicile par une semaine de congés que j’avais posée pour me consacrer à la campagne municipale du second tour, qui en toute logique ne s’est pas déroulée. L’organisme de protection sociale pour lequel je travaille, a équipé la quasi totalité des salariés du matériel nécessaire pour télé-travailler. Je me suis donc aménagé chez moi un bureau de confinement. Cette situation inédite, avec cette impression d’un temps suspendu où la vie semble s’être mise en pause, contraint à trouver de nouveaux repères. Retrouver un rythme de travail dans un cadre différent n’est pas chose si aisée même si je sais que par rapport à beaucoup d’autres, j’ai la chance de pouvoir continuer à exercer mon activité professionnelle.
Ces journées de confinement contraintes conduisent également à mieux comprendre ce qu’engendre cette situation sans précédent. La crise sanitaire que le monde traverse vient bousculer, percuter tous nos repères du quotidien qui nous semblaient inaliénables. Exercer son activité professionnelle, sortir faire ses courses, faire du sport ou se promener, voir son médecin, rendre visite à ses aînés fragilisés, tout est soumis à « autorisation » de sortie. Le confinement fait loi. Réduire au maximum les inter-actions humaines est devenu une exigence incontournable que chacun de nous se doit de respecter pour la santé de toutes et tous. Mais là encore, selon son lieu de résidence, son quartier, sa situation économique et sociale, son origine, cette crise rend plus difficile pour beaucoup, la capacité à vivre cette « parenthèse » confinée qui dure. Cette situation, pour bon nombre d’entre nous, même si elle nous préoccupe voire nous inquiète par moment, reste une épreuve que nous surmontons en nous projetant vers des lendemains meilleurs et nous réjouissant par avance des retrouvailles avec nos proches, nos amis, nos voisins et/ou nos collègues de travail. Mais, elle fait également mieux comprendre encore, la situation subie tout au long de l’année par de nombreuses personnes fragilisées, soit, par la perte d’un emploi, soit par des problématiques de santé, soit par l’exil, ou encore par le vieillissement ou le handicap et tant d’autres raisons. Elle les confine dans un isolement social beaucoup plus durable. Dans ce contexte de crise, l’absence de lien social amplifie le sentiment de solitude et peut générer des situations nouvelles d’isolement. Aussi, on mesure plus encore la richesse de ces élans de solidarité spontanés ou/et organisés pour rendre le quotidien moins éprouvant. On mesure cette nécessité impérative de voir une action publique, avec des moyens adaptés, se déployer pour garantir à tout instant les besoins fondamentaux de chaque citoyen. Plus que jamais, cette crise nous redit l’importance de faire société, d’être attentif à chacun et dès maintenant, sans plus attendre d’agir en conséquence tout en respectant enfin, les besoins de la planète
Votre livre de confinement ?
Pour tout avouer, je ne suis pas un lecteur assidu. Cependant pour cause de confinement, je suis en train de relire le manifeste intitulé « Faire (re) naître la démocratie » co-écrit notamment par deux directeurs de collectivités et Jo Spiegel (maire de Kingersheim) qui me l’avait dédicacé lors de sa venue sur Rodez il y a quelques années. J’ai également commencé le livre qui m’a été offert récemment, « L’archipel Français, naissance d’une nation multiple et divisée » de Jérôme Fourque
Votre série TV ou film de confinement ?
La saison 8 de « Games of Thrones » que mes trois filles m’ont offerte à Noël. Elles m’ont fait découvrir cette série voilà plusieurs années et je me suis retrouvé happé par ce scénario et cette histoire. Avec le rythme effréné de la campagne municipale, je n’ai jamais trouvé le temps de la visionner. Eh bien voilà, le confinement m’a replongé dedans !
Votre chanson de confinement ?
J’ai découvert la chanson de confinement qu’a partagé Éléonore Echène en réponse à votre interview. Il s’agit de celle chantée et créée par la compagnie « La jolie Môme ». Elle me plaît d’abord parce qu’elle fait sens pour moi et ensuite parce qu’elle me rappelle par certains aspects, la chanson des Causette. Pour ceux qui la connaissent, elle a animé et égayé, l’espace de quelques samedis, le carrefour St Etienne à Rodez. Je profite de l’occasion que vous m’offrez pour adresser aux « causettes » mes pensées très amicales.
La plus belle vue de votre confinement ?
Vue de mon balcon, la fameuse trouée verte de la rue Béteille qui depuis si longtemps, fait tant parler et écrire sans que nous sachions encore aujourd’hui ce qu’elle sera réellement.
Pour autant, j’ai l’espoir de croire que cette friche d’herbes clairsemées devienne d’ici quelques mois un verger et donc la plus belle vue de chez moi.
Votre tenue de confinement ?
Pas de changement par rapport à d’habitude, c’est la même que je mettais le matin pour partir travailler à mon bureau.
Enfin, quelle est la première chose que vous ferez en sortant de confinement ?
D’abord, je préparerai un bon repas pour mes trois filles et leurs compagnons. Ce moment de retrouvailles heureuses et partagées sera aussi l’occasion de revoir mon petit-fils que je n’ai pas eu le bonheur de voir beaucoup (si ce n’est en photo) et de porter dans mes bras depuis sa naissance.
Ensuite, retrouver les 36 membres de l’équipe de Rodez Citoyen, avec qui, malgré le confinement, nous restons toujours en lien grâce à un groupe WhatsApp que nous avons créé.
Merci à lui de s’être prêté au jeu !