Retrouvez l’article de Charline Nermond dans ADN le 26 mai 2020
Alors que le second tour des élections municipales est annoncé pour le 28 juin prochain, les trois candidats ruthénois encore en lice se préparent à un entre-deux-tours marathon : trois mois et demi séparent les deux tours du scrutin, et ils ont devant eux un mois pour convaincre les électeurs… Une situation inédite qui suscite pas mal d’interrogations.
Du côté de Rodez Citoyen, Matthieu Lebrun le dit sans détour : il n’était pas favorable au modèle choisi par le gouvernement. « Nous aurions préféré une nouvelle campagne à deux tours, organisée à l’automne… » explique celui qui est arrivé en deuxième position au soir du premier tour, le 15 mars dernier. Lui qui avait à l’époque regretté le maintien de ce premier tour, réclame désormais une autre organisation pour le second tour à venir…
« Il faut sécuriser les gens et favoriser la participation »
Dans un courrier adressé à la Préfète de l’Aveyron et au maire de Rodez, Matthieu Lebrun suggère de mettre fin à la centralisation des bureaux de vote ruthénois dans la seule Salle des Fêtes, et de les répartir dans les différents quartiers de la ville. Le candidat, qui explique avoir identifié huit lieux publics qui pourraient les accueillir (écoles, maisons de quartier et salles de réunion), voit dans sa proposition un double enjeu de santé publique et de proximité.
« Rodez est une des rares villes de cette taille à avoir ce type de configuration. Il faut dispatcher les bureaux de vote pour éviter de reproduire ce qui s’est passé le soir du premier tour, où plus de 200 personnes se sont rassemblées pour le dépouillement, ou encore ce qui se passe actuellement sur le marché, où il n’y a plus aucune organisation pour veiller au respect de la distanciation ! Il y a aussi un enjeu de participation : pour que les électeurs puissent voter près de chez eux. Je considère que la centralisation est une entrave à la démocratie… »
(Matthieu Lebrun, candidat à Rodez)
Si la mairie de Rodez est bien en charge de l’organisation du scrutin, c’est l’Etat, et donc la Préfecture de l’Aveyron qui est seule compétente pour décider de l’implantation des bureaux de vote. « Il ne faudrait pas que ces élections apparaissent comme une simple formalité administrative pour permettre la continuité de la gestion des collectivités » prévient Matthieu Lebrun, « ce serait ne pas être bienveillant avec la parole du peuple ».
Une campagne bouleversée ?
Grosses inconnues pour Matthieu Lebrun et ses colistiers : le taux de participation à attendre de ce 28 juin et les modalités de campagne qui seront mises en oeuvre. « Il faut tout à la fois remobiliser les gens dans un contexte inhabituel où ils ont d’autres préoccupations, et ce, avec des moyens de communication limités… » résument les candidats, qui, privés de porte-à-porte et de tractage, travaillent actuellement à développer de nouveaux moyens pour toucher les électeurs : « on ne peut pas parler aux personnes âgées avec les réseaux sociaux et certaines ne veulent plus sortir de chez elles. Il faut être inventif »…
« On déshumanise les élections municipales »
Si Matthieu Lebrun regrette que la crise sanitaire leur enlève cette relation directe avec les électeurs (-« les relations humaines et l’affect jouent beaucoup dans les élections locales »-) il estime qu’elle a aussi permis de conforter le projet porté par sa liste.
« On se rend compte qu’on est dans le juste avec notre projet, notamment en termes de conversion écologique. La crise a eu un effet accélérateur sur la prise de conscience des enjeux environnementaux, solidaires ou alimentaires… On va être encore plus audacieux sur nos propositions, pour aller en contrepoint de la majorité en place, qui n’a pas vu venir toutes ces questions. Comment continuer à défendre des projets comme Bourran II, le Parc des Expos ou le Stade Paul Lignon ? »
(Matthieu Lebrun, Rodez Citoyen)
Avec un œil tourné vers Rodez Agglomération, -qui selon lui va offrir « un nouveau paysage, plus opportun pour repenser des projets d’investissements en correspondance avec l’urgence écologique »-, Matthieu Lebrun n’oublie pas de tacler son adversaire préféré, le sortant Christian Teyssèdre : « il a eu une gestion trop tardive pendant la crise et a repris beaucoup de nos propositions. C’est une attitude électoraliste mais on sait aussi qu’en temps de crise, les gens ont tendance à aller vers la stabilité… il y a une prime au sortant… ». Pas de quoi décourager la tête de liste de Rodez Citoyen, qui dit pouvoir plus que jamais compter « sur une équipe ultra motivée et mobilisée ».
Municipales. Rodez Citoyen réclame l’éclatement des bureaux de vote