Il est parfois difficile d’accorder son respect aux mouvements antipass et antivax face aux outrances de certains éléments issus de ces cortèges. Les raccourcis historiques fallacieux renvoyant à la Shoah, les pancartes antisémites, les agressions inadmissibles de journalistes et de pharmaciens déshonorent et décrédibilisent ce mouvement de contestation. Pourtant le ménage se fera dans ces cortèges. La scission entre gauche et droite est un phénomène politique aussi naturel et irrémédiable que l’alternance des marées en bord de mer.
Tous les manifestants ne se mobilisent pas pour les mêmes raisons mais on retrouve aujourd’hui les mêmes attaques à leur égard qu’à l’époque du référendum sur la Constitution Européenne à l’encontre des supporters du non. Ces opposants seraient « ignares », «égoïstes», « obscurantistes », « fachos »… Et comme pour la Constitution Européenne, comme pour de nombreuses réformes, le gouvernement tente de passer en force, ce qui crispe une grande partie de la population.
On ne sortira pourtant pas de l’épidémie de Covid sans comprendre la défiance envers le vaccin.
Oui, il y a déjà eu des scandales sanitaires, du sang contaminé au Médiator en passant par les prothèses mammaires PIP ou les implants contraceptifs Nexplanon.
Oui, pour les laboratoires, les vaccins sont une très bonne opération financière. Pfeizer a annoncé un profit de 2,9 milliards d’euros pour le premier trimestre 2021.
Non, il n’y a pas de transparence dans les contrats passés par l’Union Européenne pour l’achat de vaccins.
Voici autant d’éléments sur lesquels il est plutôt sain d’exercer un regard critique là où de simples injonctions morales n’apportent pas de réponses satisfaisantes.
Les progrès de la médecine ne sont en effet pas seulement dûs à des progrès scientifiques ou techniques. Aucune épidémie ne peut être vaincue sans démocratisation de l’accès au soin ni d’accès à l’information. Tel était le rôle des médecins de famille, dans les quartiers des villes ou les campagnes. Leur disparition progressive faute de renouvellement explique peut-être en partie les méconnaissances des antivaccins. Faute d’interlocuteurs compétents de proximité, chacun se renseigne comme il peut.
Ainsi il n’est pas irrationnel de s’inquiéter d’éventuels effets néfastes de vaccins ou traitements médicaux. On peut également contester ce modèle économique qui permet à quelques uns de s’enrichir sur la santé d’une population. Chercher des informations sur les vaccins ou les laboratoires est une première étape de rationalité. Si nous voulons pacifier le débat politique, nous devons respecter la grande majorité de ces manifestants, entendre leurs inquiétudes, débattre et obliger les autorités politiques et sanitaires à communiquer de manière claire. En attendant, le vaccin est ce que nous avons de mieux pour stopper cette pandémie.