Tordre la réalité n’empêche pas de couler.

Imaginons un navire subissant une avarie en pleine mer. De l’eau s’engouffre dans la cale menaçant la survie du bateau et de son équipage. Si le capitaine ordonnait à ses marins d’aller réparer en priorité un robinet qui fuit dans une cabine, tout le monde le prendrait pour un fou.

Peut-être que cet officier a un compte à régler avec le plombier et son antipathie lui fait perdre le sens des priorités. Peut-être est-il tétanisé par l’ampleur des dégâts et se focaliser sur un problème minime lui donne l’illusion rassurante de maîtriser la situation.

Ces altérations du jugements sont dus à des biais cognitifs. Des erreurs d’appréciation ou des raisonnements influencés par des préjugés nous font parfois minimiser des événements importants ou au contraire nous attardent sur des détails. Nous recherchons des informations qui renforcent nos croyances (biais de confirmation), nous créons des liens artificiels entre des personnes et des événements (biais d’attributions), nous jugeons avec des éléments émotionnels au dépend de faits tangibles (erreur fondamentale d’attribution)… il existe ainsi plusieurs dizaines de biais cognitifs.

Comment expliquer autrement l’importance prise par certains sujets politiques par rapport à d’autres ? Pourquoi harceler de pauvres gens suspectés de fraudes aux allocations sociales (275 millions d’euros en 2016) et oublier la fraude fiscale (autour de 80 milliards d’euros) ? Pourquoi accorder plus d’importance à un syndicat étudiant organisant des réunions non-mixtes plutôt qu’à une tribune de militaires menaçant la France d’un putsch ? Pourquoi être choqué par des menus végétariens dans des cantines scolaires et pas par la morts de cent trente migrants en Méditerranée ?

Comment distinguer l’important de l’anecdotique ? On peut « faire un pas de côté », prendre le temps de collecter l’ensemble des informations sur un sujet, même celles qui contredisent nos premières impressions, pour avoir une vision globale. On peut aussi s’interroger sur ce qui nous menace réellement, dans notre sécurité, notre développement ou simplement dans notre humanité.

Enfin, nous sommes conscient que faire des liens entre les événement mineurs et majeurs cités au paragraphe précédent est aussi un biais d’attribution. Est-ce qu’on s’en sortira un jour ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *