Communément, on appelle « éthiques » les philosophies morales fondées sur le bien, et « morales » les philosophies axées sur le devoir. L’exigence morale est cette voix intérieure qui nous pousse à agir ou nous tourmente quand nous faisons le mal, et que l’on appelle la conscience morale.
Chaque citoyen définit les contours de sa propre éthique et s’en accommode. Cependant le citoyen engagé en politique expose son éthique au jugement moral des électeurs et électrices. Les moyens qu’il s’autorise à mettre en œuvre pour la conquête du pouvoir sont limités par l’acceptation morale ou non de la communauté. La fin justifie-t-elle les moyens ?
Des attaques personnelles et sexistes peuvent être terriblement efficaces pour déstabiliser un adversaire. Des procès d’intentions, des caricatures (« vous êtes des extrémistes ») peuvent semer la confusion parmi les soutiens d’une liste concurrente. Des candidats non élus s’attribuant le bilan de l’équipe municipale sortante ou inventant des prix nationaux se verront valoriser. Chaque individu validera ou non ces méthodes en son âme et conscience au regard des enjeux de chaque élection.
Mais il ne s’agit pas que d’une question morale. L’outrance lasse et démobilise. De nombreux électeurs et électrices refusent de s’associer à de telles compétitions vindicatives. Les candidats politiques finissent par être élus par de petits carrés de fidèles (64% d’abstentions à Rodez au premier des municipales) tandis que d’autres citoyens et citoyennes préfèrent s’investir dans l’associatif, le syndicalisme ou le caritatif. C’est autant d’énergies et de compétences de perdu pour le monde politique.
Ainsi l’éthique n’enlève rien à personne, elle consolide au contraire la vie démocratique d’une commune, d’un pays. Elle met en confiance et permet donc de mobiliser l’ensemble d’une société face aux défis sociaux, sociétaux, sanitaires et écologiques de notre temps. L’éthique en politique est une question de pragmatisme.