Gourgan : Chronique de la violence ordinaire

PROJET DE GYMNASE A L EMPLACEMENT DE L ECOLE MATERNELLE DE GOURGAN

Parole d’une habitante de Gourgan :

J’ai assisté jeudi soir à une réunion organisée à Gourgan par la mairie pour discuter des besoins et des projets locaux : transports, voirie, école et City stade. Sur le courrier était précisé : « je vous invite à venir échanger sur vos attentes pour améliorer le vivre ensemble dans votre quartier ».

Monsieur le Maire, arrivant avec une bonne quinzaine de membres du CM et des services, expose l’ordre du jour. Il fait état de plusieurs pétitions révélant un conflit entre les jeunes du quartier, trop bruyants sur l’aire de jeux (aménagée proche de la Maison de quartier) et les riverains agacés par les nuisances répétées (cris, coups sur les volets).

Après quoi il se lance, comme de coutume, dans une longue auto congratulation rappelant tout ce que la ville lui doit, et une critique acerbe de son opposition, qui ne dit que des contre vérités et mène des combats d’arrière garde.  On apprend ainsi que la ville investit 807 euros par habitant, deux fois plus que l’Agglo, pour créer des « écosystèmes » sport- animation- culture en synergie avec l’université, des « vitrines » sport-culture (stade et musée Soulage) bonnes pour l’image de notre cité… avec un étalage de factures à plusieurs millions d’euros, un peu indécent pour le public présent et ses demandes, m’a-t-il semblé.

Puis il rappelle tout ce qu’il fait en matière d’action sociale et de santé, les tarifs aidés, la cantine à un euro, la garderie gratuite, les Francas au Haras ?, et la nouvelle programmation du Festivada pour les jeunes, qui va sûrement leur plaire (oubliant que dans les familles nombreuses, il est parfois difficile de consacrer 25 euros à une seule place de spectacle)

A Gourgan même : l’aire de jeux (pour les petits) rénovée, les séjours d’été que propose la maison de quartier, le futur gymnase pour dans deux ans pris sur l’école maternelle -parce qu’on en fait un sur St Eloi avec l’université, il faut en faire un ici, vous êtes quand même quartier de veille (sic) – Le gymnase sera ouvert à toute la ville, il faudra peut être demander la clef pour y rentrer…

Il parvient même à glisser, on ne sait comment, que récemment une maitresse a été agressée à l’école (sans dire qu’elle tentait de s’interposer entre deux mamans qui se disputaient dans la cour)…

Après une heure et demie d’attente et de frustration, la salle explose quand on lui rend la parole : les « vieux », massés à l’avant se retournent vers les jeunes, tassés à l’arrière, pour les invectiver. Un parent se lève pour demander si on n’aurait pas pu chercher ensemble d’autres solutions. Huées. Il semblerait que la mairie ait proposé à 3 reprises des réunions de médiation (comment, avec qui ?) dont plusieurs présents n’ont jamais entendu parler. LA MAIRIE A DONC DÉCIDÉ UNILATÉRALEMENT D’ENLEVER TOUS LES ÉQUIPEMENTS DE L’ESPACE JEUX.

– « Mais qu’est ce qu’on va faire nous, cet été ? » demande un jeune ado

-«  vous disposez du vieux stade de foot en bas du quartier »

-« mais il n’y a pas les panneaux » !

-« faut pas exagérer : quand on était jeunes, on mettait un pull d’un côté et un pull de l’autre et ça nous faisait les buts » dit Mr le Maire.

C’est à peu près tout le temps de parole qui sera laissé à la vingtaine de jeunes présents.

Rappelons que le projet de City stade sur le vieux stade de Gourgan date d’au moins dix ans. Imaginé par les jeunes de l’époque, son plan est déjà établi mais n’a jamais été budgété. Ce n’est même pas ce qui est proposé aujourd’hui : on va juste refaire le marquage au sol vers le centre du terrain parce que c’est vrai, autour, il y a un peu trop de trous… Les 807 euros/habitant ne ruissellent pas beaucoup vers chez nous, mais le gourg, si.

La nuit suivante, il y a eu un peu de grabuge au quartier, la police a du intervenir… CQFD

On ne s’improvise pas médiateur social, et je déplore la malencontreuse décision qui a conduit à priver notre quartier du savoir faire des travailleurs de la Caf. En souhaitant que la fracture ne continue pas à s’étendre.

DR

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