L’Ukraine face à nos contradictions

On entend parfois dire que l’on ne découvre la véritable nature humaine que dans le sport ou la guerre. Nous aurions donc préféré que les ukrainiens et les russes règlent leur différents dans un tournois de foot ou que Poutine et Zelensky s’affrontent dans une battle de patinage artistique mais ce sont hélas les armes qui une fois de plus parlent.

La proximité de la guerre dévoile de nouveaux comportements parmi les acteurs et actrices politiques ou nos institutions qui ne sont pas sans soulever d’amères contradictions. En voici deux :

Qu’il est dur d’être pacifiste en temps de guerre. En temps de paix c’est une posture morale qui n’engage à rien, mais dès que les premières bombes tombent sur un pays, le pacifisme devient synonyme de faiblesse voire de compromission avec l’agresseur. Il n’est pourtant pas infamant de rechercher la paix par la négociation, le désarmement et la non-violence. Les ukrainiens et russes qui manifestent désarmés face à l’armée ou la police n’ont-ils pas autant sinon plus de courage que des militaires qui s’entre-tuent ? La guerre renforce le manichéisme et ne laisse plus de place à la nuance, la modération ou le refus de s’aligner. L’esprit critique est une victime collatérale des conflits.

Qu’il est dur de ne pas être blanc et blond quand on fuit la guerre. Un large mouvement de solidarité s’est spontanément créé pour accueillir les familles ukrainiennes fuyant la mort. Nous nous en félicitons et y participons. Mais nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à tous les autres, syriens, afghans, éthiopiens… (la liste est trop longue) pour qui l’accueil a manqué de chaleur et d’humanité de la part de nos institutions et d’une partie de l’opinion publique. Cette solidarité sélective est malaisante mais nous espérons que les premiers gestes d’empathies soient le début d’une prise de conscience plus large. Cela a marché pour certains.

Nous sommes confrontés à un évènement historique : une guerre d’invasion sur le sol européen. Cette violence et cette proximité troublent les jugements. Cela est compréhensible. Quel sera le déclic qui nous fera prendre conscience que toute guerre sur Terre est une guerre civile car l’humanité est un tout ? L’avenir nous le dira.

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