Les différents confinements dus à la pandémie de Covid ont accentué un processus déjà remarqué auparavant : l’installation d’animaux sauvages dans les villes. L’année dernière nous pouvions voir des sangliers à Ajaccio, des canards sur les boulevards parisiens ou des chevreuils à Muret. L’arrivée de cette faune n’est pas propre aux périodes de confinement. On peut apercevoir à Rodez des mouettes au bord de Layoule, des rapaces nichés dans l’église de St Amans, des lapins et des faisans à l’abri dans les bosquets des ronds-points de la Gineste ou de St Félix.
La nature ne reprendrait-elle pas ses droits ? Ce n’est pourtant pas un bon signe que des animaux sauvages choisissent de s’installer sur un espace qui n’est pas le leur. Soit la ville empiète sur leur territoire du fait de l’étalement urbain, soit les campagnes sont devenues moins sûres pour eux à cause de l’empoisonnement des sols ou de la disparition de leurs ressources et abris.
Passé l’enchantement des premières rencontres, renards, daims, écureuils peuvent se révéler être des voisins forts dérangeants, d’autant plus que ceux-ci finiront par s’habituer à la présence de l’homme, ne plus en avoir peur et l’envahir. Ainsi, la philosophe Joëlle Zask dans son ouvrage Zoocities rapporte l’histoire des ces singes en Inde qui ont compris l’importance des téléphones portables pour les êtres humains, ils les volent et ne les rendent qu’en échange de nourritures.
Comment faire pour que ces animaux ne perdent pas leur identité et éviter les conflits avec les habitants humains des villes ? Comment peuvent-ils coexister dans un univers qui n’est pas fait pour eux ?
L’autrice précédemment citée constate que la ville moderne est une juxtaposition d’enclaves, entre zones commerciales, quartiers pavillonnaires, centre-ville… Ce qui est déjà désagréable pour les humains devient dangereux pour les animaux. Si les tiers-lieux sont des projets tentant de sortir de cette logique de cloisonnement pour les humains sédentaires, les parcs et forêts urbaines ne peuvent suffire à des animaux habitués à vagabonder sur de grandes aires. Il convient de connecter les différentes zones grâce à ce que l’on appelle les trames, vertes, bleues, brunes ou encore noires. Les différentes zones de nature entre l’extérieur et l’intérieur de la ville sont reliées entre elles par des zones boisées, des sources, des bandes de terre ou des espaces sans lumières artificielles. Chaque espèce vit et se déplace sans empiéter sur le territoire de l’autre et tous profitent d’une ville apaisée.
Ainsi même si l’animal sauvage n’a pas sa place dans les villes humaines, son implantation est un fait qu’il faut savoir désormais gérer. Il ne faut pas chercher à l’apprivoiser ni même cohabiter avec lui. Nos infrastructures doivent s’adapter pour que chacun existe sans gêner l’autre. La ville se transforme alors un peu plus en cité où il fait bon vivre.