A l’issue de 6 mois de travail, un rapport a été proposé par la rapporteuse de la MIE, Mme Bultel. Ce rapport, passait sous silence les difficultés rencontrées, glorifiait l’action municipale et la majorité a refusé d’y faire figurer les préconisations produites par les oppositions. En l’état, Marion Berardi ne pouvait cautionner ce rapport. Elle a donc démissionné de cette présidence deux jours avant la fin de la MIE. Son travail de six pages de préconisations, lui, existe bel et bien, il est passionnant et nous avons décidé de vous le mettre à disposition ci-dessous.
Réduire les consommations énergétiques est un enjeu fort pour nos sociétés. Les communes se doivent de montrer un exemple de sobriété, tant sur le volet de la lutte contre le dérèglement climatique que pour l’utilisation optimale de l’argent public.
Cette nécessaire transition doit se faire le plus rapidement possible vue l’urgence climatique et le plus intelligemment possible afin d’éviter des situations de dégradation du service public ou de blocage vis à vis des usager.e.s.
C’est pourquoi, dans le cadre de la MIE consommations énergétiques du patrimoine communal de Rodez, Rodez Citoyen fait les préconisations suivantes organisés en 7 thématiques : réduction des consommations par l’implication des agent.e.s et usager.e.s, Réduction des consommations par l’optimisation de l’exploitation du bâtiment, Réduction des consommations par la rénovation du bâtiment, Préconisations pour les futurs équipements de la commune, Lever les freins identifiés, Des leviers à mobiliser et Points de vigilance.
I. Réduction des consommations par l’implication des agent.e.s et usager.e.s
1. Préconisations en direction des agent.e.s et usager.e.s
- Organiser des actions de sensibilisation des agent.e.s et des usager.e.s des bâtiments communaux pour une meilleure prise de conscience de l’importance et de l’impact réel de leurs gestes d’économie d’énergie.
2. Préconisations en direction des agent.e.s
- Proposer des visites de sites pour comprendre le fonctionnement technique de leur bâtiment
- Communiquer sur les normes sociales : les actions concrètes déjà mises en place par les collègues, exemplarité de la direction.
- Sensibiliser la direction sur le rôle de management et le travail au sentiment de justice au travail : reconnaissance du travail, possibilité de donner son avis… plus l’agent.e se sentira bien, écouté.e et respecté.e au travail, plus il ou elle sera motivé.e pour adopter des éco-gestes.
- Désigner des ambassadeur.ice.s énergétiques formés et accompagnés pour conseiller et promouvoir une dynamique de groupe.
II. Réduction des consommations par l’optimisation de l’exploitation du
bâtiment.
- Réflexion et co-construction des bâtiments et de leur aménagement avec les agent.e.s, usager.e.s et tous les partenaires afin de faire émerger une vision systémique et sur le temps long et de répondre ainsi le plus précisément aux besoins des occupants.
- Poursuivre le déploiement de la Gestion Technique Centralisée dans les bâtiments qui n’en sont pas encore équipés.
- Privilégier systématiquement des équipements à faible consommation dans le remplacement du matériel (bureautique, équipements techniques, véhicules…). Privilégier des ordinateurs portables à des ordinateurs fixes.
- Poursuivre et accélérer le renouvellement des équipements de production et chaleur et de froid vers des équipements plus performants.
- Poursuivre et accélérer le relampage en LED du patrimoine communal.
III. Réduction des consommations par la rénovation du bâtiment
- Mettre en oeuvre dès 2023 un grand plan de rénovation thermique municipal afin de planifier les rénovations et les budgets afférents.
- Privilégier les projets de rénovation thermique intégrale des bâtiments, avec de l’isolation par l’extérieur en privilégiant les matériaux bio-sourcés.
- Préparer la rénovation lourde, les changements d’usage ou le démantèlement des bâtiments vitrés, très fréquemment sujets à des ponts thermique, coûteux en chauffage l’hiver et en climatisation l’été.
- Être attentif au ressenti de confort dans les bâtiments : travail sur l’imperméabilité à l’air des bâtiments (limiter les courants d’air) et la qualité de la ventilation mécanique (régulation de l’hygrométrie).
IV. Préconisations pour les futurs équipements de la commune
- Interroger le besoin avant toute décision d’investissement dans des équipements et infrastructures en s’appuyant sur des indicateurs solides à chaque étape de la conception et de la mise en œuvre de la politique publique.
- Favoriser dès la conception les méthodes de chauffage et de rafraîchissement passives structurelles, à travers l’architecture bioclimatique
- Étudier la faisabilité de réseaux de chaleur / fraîcheur dans le cadre de tous les développement de nouveaux projets géothermique municipaux avec une attention particulière aux bâtiments accueillant des publics vulnérables : crèches, écoles, EHPAD, hôpital, logements sociaux…
- Privilégier la réhabilitation ou la restructuration lourdes des bâtiments à la construction neuve, dans une logique de sobriété.
- Abandonner l’urbanisme des grands immeubles vitrés : Parce qu’ils nécessitent une consommation excessive de chauffage, de climatisation et de ressources : encadrer les projets de construction incluant des façades vitrées.
- Rendre le maximum de toitures publiques utiles (production d’énergies renouvelables pour l’autoconsommation, vegétalisation…)
- Poursuivre et accélérer le relampage de l’éclairage public.
- Installer un système de pilotage des points lumineux du centre ville afin de permettre un éclairage à minima dans cette partie de la ville où persiste une activité nocturne, dans le but de limiter le sentiment d’insécurité qui peut naître en marchant dans des rues obscures.
V. Lever les freins identifiés
- Établir une planification budgétaire ambitieuse et pluriannuelle pour financer un grand plan de rénovation du patrimoine communal afin de tenir l’engagement pris par le Maire lors de son audition d’avoir rénové lourdement l’ensemble du patrimoine communal d’ici la fin de ce mandat.
- Co-construire avec les architectes des bâtiments de France (ABF) des directives concernant la rénovation des bâtiments, dans les périmètres protégés de la ville ( Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur PSMV, Site Patrimoniaux Remarquable SPR) notamment pour permettre l’isolation thermique extérieure ou l’installation d’énergies renouvelables dès que cela est possible en compatibilité avec les enjeux patrimoniaux.
- Créer des dispositifs de concertation et de co-construction avec les citoyen·ne·s dans le cadre de la révision du PLUi en cours à l’agglomération, considérant l’attachement des habitant.e.s au patrimoine et plus largement à l’identité de leur ville et de leur quartier.
- Inscrire les nouvelles directives ainsi établies dans une modification ou dans la révision du PLUi.
- Créer des instances d’échanges et de co-décision avec les citoyen·ne·s sur toutes les mesures prise pour limiter les consommations énergétiques les impactant afin d’en faciliter l’acceptabilité de sorte que la transition soit vécue comme un choix et non une contrainte. Ainsi, on limitera l’effet Not in My Back Yard évoqué par M. Lauras.
VI. Des leviers à mobiliser
- Solliciter le « fond chaleur » de l’ADEME dans les futurs projets de développement d’énergies renouvelables et de récupération (géothermie…) et de réseaux de chaleur et de froid.
- S’inscrire à France chaleur urbaine, un outil interactif permettant de promouvoir et développer les réseaux de chaleurs afin de lutter contre le changement climatique et de mieux maîtriser le tarif des énergies.
- Se faire accompagner dans le cadre du dispositif SDIE (Schéma Directeur Immobilier et Énergétique) afin d’affiner stratégie patrimoniale de la commune à court, moyen et long terme étayée d’un programme pluriannuel d’investissement et de maintenance.
VII. Points de vigilance
- Attention à ne pas vendre tout le patrimoine vacant, aujourd’hui propriété de la ville dans le cadre de la politique de rationalisation du patrimoine communal, afin de garder des marges de manœuvre pour développer les équipements communaux de demain.
- Attention à ce que l’objectif de rationalisation ne se fasse pas au détrimentdu service public (limitation des jours d’ouvertures, des amplitudes horaires, fermeture d’équipements de proximité…)
- Être vigilent.e.s à ce que les consignes de chauffage ou de climatisation respectent un certain confort thermique des occupant.e.s.