Le Conseil de Rodez Agglomération du 6 avril 2021 a été l’occasion de voter le programme local de l’habitat 2021 – 2026 pour l’agglomération de Rodez.
Voici l’intervention faite par Marion BERARDI à cette occasion :
Nous souhaitons d’abord remercier les services pour leur travail sur ce document très complet et très intéressant.
Nous vous rejoignons sur la nécessité de rattraper le retard de plusieurs communes vis à vis de la loi SRU et de préparer l’avenir pour les communes se rapprochant de la barre des 3500 habitants. Rééquilibrer le parc public à l’échelle de l’ensemble de l’agglomération nous semble également pertinent pour favoriser la mixité sociale. Nous vous rejoignons également sur la nécessité de favoriser une accession à coût abordable afin de favoriser notamment l’encrage de familles et de jeunes sur notre territoire.
Toutefois nous ne sommes pas d’accord avec la stratégie que vous nous soumettez aujourd’hui, pour deux raisons : premièrement, aux vues des données présentées dans ce dossier, le rythme de production de logement est nettement supérieur aux besoins. Deuxièmement, le taux de réhabilitation de logements anciens par rapport à la construction manque cruellement d’ambition et ne répond pas à l’urgence écologique.
Dans le dossier, vous nous présentez un objectif de croissance démographique établi à 0,8% avec 1,98 personne par ménage d’ici 2026. Cela fait 202 logements à créer ou réhabiliter par an… contre 370 prévus. (p.257)
Votre plan prévoit donc 183% des besoins selon vos propres projections ou des ménages de 1,08 personnes …
De plus, Rodez Agglo est une Agglomération isolée des grandes métropoles et à ce titre, elle bénéficie d’un taux de chômage bas, les habitants travaillent sur l’Agglo et ne se déplacent pas dans les grandes villes pour cela. Mais le contexte actuel de crise ainsi que l’incertitude de la Bosch fragilisent cet équilibre. Dans une ville comme Albi, une perte d’emploi va encourager les habitants à travailler à Toulouse mais ils resteront vivre à Albi. A Rodez, cela pourrait entraîner une migration des habitants vers les métropoles. Le contexte actuel doit donc nous inciter à être prudents quand à ces projections de croissance.
Dans le dossier, vous nous invitez à être attentif à la détente relative du marché locatif ruthénois qui expose à des risques de surabondance et à leur corollaire la paupérisation/déclassement des segments les plus fragiles. Or 9,7% du parc de notre territoire est vacant contre 8% au niveau national. Cela représente 2787 logements vacants à l’échelle de l’agglomération.
Le centre ancien de Rodez en particulier présente une grande fragilité et une importante vacance (300 logements). Surévaluer ainsi les besoins de notre territoire le met donc en grand danger.
Par rapport au volet de réhabilitation du logement ancien pour résorber la vacance, il concerne seulement 10% des logements.
Pourtant le pacte habitat de Rodez agglomération que nous avons adopté le 6 octobre 2020 nous engage à prioriser l’intensification urbaine, le renouvellement de la ville sur elle même pour conforter et faire émerger les polarités davantage que les extensions. Ce même programme nous invite à être attentifs à la vacance, aux produits habitats vulnérables et à la reconquête des sites fragiles.
Le CTE quant à lui prône un objectif d’urbanisation durable, or urbaniser des zones non construites, d’autant plus pour construire des logements en surnombre, va a l’encontre de cet objectif.
En effet, les espaces naturels ont une fonction de puits de carbone, de résorption des risques de crues, d’îlots de fraîcheur et d’habitat pour la biodiversité. Ils ont aussi beaucoup de valeur pour le bien être des habitants de l’agglo et la qualité de leur cadre de vie. Selon l’ADEME, La construction d’une maison ou d’un immeuble neuf sont respectivement 40 ou 80 fois plus coûteuses en matériaux que la rénovation pour obtenir des logements de même qualité.
De plus, dans le diagnostic présenté dans ce dossier, le parc ancien est mis en avant pour son rôle de premier rang dans les mobilités résidentielles des ruthénois. Il est également écrit que c’est de la qualité du parc ancien que dépendent le déroulé des parcours résidentiels et la capacité à attirer ou retenir les habitants.
La géographie préférentielle est définie dans le dossier comme trouvant son sens lorsque les logements tirent parti de la proximité des équipements, des commerces et services, des lieux de vie, d’emploi et des opportunités de déplacement. Cela correspond aux zones déjà bâties et non à de nouveaux lotissements ou cités dortoir.
Ainsi, nous vous proposons de revoir ce PLH en réduisant le nombre de logements à construire /réhabiliter pour mieux coller aux besoins présentés dans le diagnostic et de privilégier les réhabilitations au neuf notamment en préemptant les habitations vacantes ou vulnérables pour répondre à un triple enjeu :
- réduire la vacance qui, bien que stabilisée ces dernières années reste supérieure à la moyenne nationale
- redynamiser les centre bourgs et en particulier le centre ancien de Rodez
- freiner l’étalement urbain.
J’avais entendu cette intervention lors du Conseil d’Agglo; je l’avais trouvée pertinente et bien documentée. Ca se confirme! Merci pour la qualité de votre travail, et le sérieux que vous mettez à étudier les dossiers pour défendre les intérêts citoyens.